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Les micro-nouvelles de Hervé Beauno

Des histoires courtes pour découvrir mon univers

Qui veut de moi?

Publié le 08/11/18 - Hervé Beauno
Qui veut de moi ? - Hervé Beauno

Qui veut de moi ? - Hervé Beauno

Sur Terre, les extra-terrestres ont beaucoup de mal à se faire des amis. Ainsi l’illustre la balafre ensanglantée sur le crâne de Tom. Dans son propre jardin, des humains d’une quinzaine d’années se sont infiltrés pour lui filer une raclée incroyable et injustifiée avant de détaler comme des lapins. Une punition issue de la différence, le bien connu délit de faciès.

Ils ne l’ont pas raté cette fois-ci ! Jamais encore il n’avait eu si mal. Dans sa chute, il a rebondi sur une pierre qui a impacté l’arrière de sa tête. Un coup de chance ! A travers ses cheveux noirs et épais, personne ne remarquera rien. Avec sa manche déchirée et terreuse, Tom essaie de contenir l’hémorragie, avant que le sang ne se répande sur la moquette. En plus de la colère de ces idiots d’humains, il ne veut pas attiser celle de sa mère adoptive, humaine également, qui met tant d’ardeur à garder la maison étincelante.

Mamoune, comme il l’appelle, est une acharnée de la propreté. Elle veut que tout soit toujours impeccable, pour soi-disant le protéger des microbes. Toujours sur son dos, elle le force à se laver les mains au moins dix fois par jour et oblige quiconque entre dans la maison à se désinfecter avec une solution antiseptique. Depuis le temps que Tom est arrivé sur Terre, il le saurait si les germes locaux étaient nocifs pour son espèce. A moins qu’elle ne cherche à se protéger elle-même de virus intergalactiques. Pour Tom, cela n’a aucune importance. Il se plie volontiers aux contraintes imposées par Mamoune, bien trop heureux qu’elle ait accepté de le recueillir sous son toit.

Son père adoptif accepte également l’hystérie de son épouse car lui aussi possède un toc. Par-dessus tout, il redoute que Tom se blesse. Son rêve serait d’isoler son fils dans une boule de coton où rien ne pourrait lui arriver. Comme si une simple chute pouvait casser le jeune garçon en deux. Si seulement il savait tout ce que Tom a déjà enduré… Preuve en est, malgré tout, que Tom est tout aussi résistant qu’un humain.

Dans son malheur, fait de raclées hebdomadaires infligées par de parfaits inconnus dès qu’il sort de chez lui, Tom s’estime chanceux. En dépit de ses origines lointaines et de ses difficultés d’intégration, il a su trouver un foyer doux et chaleureux auprès de deux charmants humains aussi déjantés qu’aimants et qui l’élèvent comme s’il était leur propre enfant, leur propre sang. Avec eux, il se sent protégé, choyé, en sécurité.

Son arrivée sur Terre, ainsi que les raisons de sa venue, restent un mystère. Il n’était alors qu’un bébé, bien incapable de se souvenir de quoi que ce soit. Il sait simplement que tout s’est passé il y a environ huit ans. Sur ce sujet, ses parents adoptifs restent très vagues, très secrets. Plutôt que d’avouer la vérité, ils préfèrent lui faire croire qu’il est né de leur amour et que sa différence serait issue d’une maladie rare. Certains l’appelleraient le syndrome de Treacher Collins alors que d’autres utiliseraient le nom de Franceschetti-Klein. Quelle foutaise ! Des noms à coucher dehors provenant, probablement, du fruit de leur imagination débordante afin de donner plus de poids à leur énorme mensonge. De toute façon, Tom n’y a jamais cru. Il n’a même d’ailleurs jamais pris la peine de se renseigner à ce sujet sur Internet.

Il est vrai que, quand il s’observe dans le miroir, il ne peut pas passer outre cette ressemblance humanoïde que tout le monde ne cesse de lui indiquer. Il a deux bras, deux jambes, deux yeux, deux oreilles, une bouche et tout ce qu’il faut d’autre pour s’apparenter à un humain. En revanche, principalement sur son visage, la position et la forme de chaque élément ne sont pas exactement la même que chez ses soi-disant congénères. Son nez est plus large, ses yeux forment une sorte de virgule orientée vers ses pommettes, sa bouche, légèrement distordue, est plus grande et plus souriante. Tous le confondent avec un humain mais Tom, lui, n’est jamais tombé dans le panneau.

L’apparence n’est pas tout ! Tom a mené sa propre enquête pour expliquer sa différence car, depuis toujours, il s’est senti tel un étranger sur Terre. D’autres preuves, moins visibles, démontrent de manière incontestable qu’il vient d’une autre planète. En particulier, lorsqu’il respire, l’air peine à rejoindre ses poumons, comme si son corps se forçait à assimiler l’oxygène de cette planète, beaucoup plus lourd que sur la sienne. Cette différence d’atmosphère trouble aussi sa vision ainsi que son audition. Voilà pourquoi il porte désormais des lunettes et des prothèses auditives.

Egalement, il a remarqué que les autochtones terriens ont un penchant majeur pour la cruauté, bien plus développée que de l’autre côté de la galaxie. Si un humain avait rejoint sa planète, jamais il n’aurait une seule fois songé à lui faire du mal. Il aurait tout simplement tenté d’apprendre à le connaître.

Enfin, un dernier indice, et non des moindres, Tom possède une intelligence surdéveloppée, comparée à eux. Selon les critères terrestres, il aurait un QI de 145, probablement une moyenne sur sa planète d’origine mais un record ici. Une intelligence supérieure qui accentue le décalage auquel il doit déjà faire face.

Le sang sur son crâne a cessé de couler. Sur la pointe des pieds, Tom sort de sa chambre où il avait réussi à se faufiler sans se faire remarquer. Puis, rampant sur le sol, il rejoint la salle de bain, toujours aussi discret qu’un agent secret en mission. Il referme aussitôt la porte derrière lui afin de mieux s’isoler. Avec un coton, il essuie les quelques traces de sang séché. La couleur de son sang est la même que celle des terriens. Encore une raison pour laquelle personne ne veut croire en ses origines lointaines. Si seulement il avait eu le sang bleu ou vert…

Son nettoyage terminé, il ouvre la porte et refait le chemin en sens inverse pour retrouver son antre. Il enfile ensuite des vêtements propres qu’il pioche au hasard dans son armoire.

Tom ! hurle une voix féminine. Tu es en haut ?

- Oui, Mamoune. J’arrive.

Comme prévu, ses parents adoptifs l’attendent pour partir. Aujourd’hui, il doit se rendre à l’hôpital pour rencontrer un grand chirurgien plasticien qui pourrait l’aider à résoudre son « petit souci » d’apparence. Evidemment, Tom refuse catégoriquement, toutefois il semblerait que le choix ne lui soit pas offert.

A la limite, il accepterait volontiers une chirurgie, si celle-ci avait pour vocation de l’aider à mieux assimiler l’oxygène ambiant, mais se faire découper pour paraître plus humain lui est insupportable. Pourquoi ressembler plus aux autres qu’à lui-même ? Sur Terre, est-il seulement possible d’être accepté pour ce que l’on est ?

A contrecœur, Tom descend les quelques marches qui le séparent du rez-de-chaussée. Sa mère remarque aussitôt la pâleur de son visage et l’embrasse avec tendresse pour lui remonter le moral. Sa main vient alors effleurer l’arrière de son crâne. Tom a mal. Malgré la douleur, il souffre en silence. Quand sa mère s’écarte, il s’assure, d’un œil furtif, que le sang a bien séché et qu’il n’a pas coulé sur la main de Mamoune.

- Tout ira bien. On va juste parler avec le docteur.

- Mais je ne veux pas ressembler à un humain, moi !

Mamoune n’ose pas le contredire dans sa fantaisie. Selon elle, il s’agit d’une manière de mieux supporter le poids psychologique que lui inflige sa maladie. Une manière de mieux l’accepter, de mieux s’accepter.

- Si tu ressembles davantage à un humain, tu pourras te faire plus facilement des amis.

- Je m’en fous des amis. S’ils n’aiment pas les extraterrestres, ce ne seront jamais de vrais amis.

Bien entendu, Tom a raison. Désireux de clore ce débat stérile, son père lui passe, à son tour, la main dans les cheveux, ravivant la douleur. Tom serre les dents, sans rien laisser paraître.

- Tout s’arrangera fiston. Les enfants sont cruels mais en grandissant tout s’arrange.

Volontairement, Papoune oublie de mentionner que les adultes n’ont pas moins de cruauté que les enfants, bien au contraire. Ils se contentent généralement de la dissimuler derrière des non-dits et des faux-semblants.

Dans la voiture qui les conduit à la clinique, Tom laisse vagabonder son esprit sur le paysage qui défile devant son regard. Redoublant d’imagination, il tente de visualiser les traits de sa planète. A quoi peut bien ressembler son monde ? Quelle est la couleur du ciel ? Ce sentiment d’appartenir à l’inconnu est si douloureux que, parfois, son estomac se tord. Tom pose sa main sur son ventre puis respire calmement.

- Tout va bien, chéri ? s’inquiète sa mère.

- Il stresse ! C’est normal, s’empresse de compléter son père.

Tom ne répond pas. Il se contente de se concentrer sur sa respiration, une opération déjà bien difficile en soi. Chaque bouffée d’air, si lourde, lui rappelle qu’il n’est qu’un étranger égaré.

Son rythme cardiaque s’accélère. Des gouttes de sueur lui coulent le long de la nuque. Trop c’est trop ! Dès ce soir, il entreprendra de quitter la Terre. Dès ce soir, il construira un vaisseau spatial.

- Tom ? Tom ? Tu as entendu ce que vient de dire le docteur ?

Le petit garçon est ailleurs. Dans le cabinet du chirurgien, ses yeux fixent le plafond tout en imaginant un ciel étoilé qu’il traverserait de son vaisseau pour rejoindre l’autre bout de la galaxie.

- Qu’y a-t-il mon garçon ? L’opération te fait peur, j’imagine.

Tom durcit le regard. Ce docteur n’a rien compris.

- Je ne veux pas ressembler à un humain. Je veux rentrer chez moi !

- Chez toi ?

- Sur ma planète !

En chuchotant, Mamoune explique au médecin que son fils est convaincu d’être un extra-terrestre, que depuis sa naissance, il n’a jamais accepté sa maladie.

- Vous voulez que je le raisonne ?

- Non ! sursaute Mamoune.

Les parents de Tom vivent dans ce paradoxe étrange qui les pousse à embrasser l’imaginaire de leur enfant. Une illusion qu’ils ne réfutent pas afin de protéger Tom de la terrible vérité. Une protection solide, mais pourtant éphémère. Bientôt, la supercherie n’aura plus lieu d’être et Tom devra se rendre à l’évidence. Un moment que Mamoune et Papoune redoutent tant. Quand cela arrivera, ils seront là, auprès de lui, pour adoucir la chute.

La consultation se termine. Le rendez-vous pour l’opération est pris, contre l’avis de Tom. Dans deux mois, il entamera sa métamorphose.

A peine arrivé à la maison, le petit garçon s’empresse de rejoindre l’étage pour allumer l’ordinateur de son père. Malgré son jeune âge, Tom est habile en informatique et surfe sur la toile avec une aisance déconcertante. Bien que ses parents lui refusent l’accès à la technologie, il décide de passer outre l’interdiction. Le temps lui est compté. Il n’a que deux mois. Mamoune et Papoune savent que, dans ces moments-là, Tom a besoin d’être seul. Bien conscient que leur enfant brave l’interdit, ils le laissent agir à sa guise afin de le laisser évacuer la pression qui le submerge.

Le moteur de recherche affiché, il se refuse une fois de plus à vérifier l’existence de cette maladie qu’on lui attribue. Avec ses petits doigts, il tape « fabriquer un vaisseau spatial. » Quelques minutes plus tard, Tom s’effondre, désemparé par ses trouvailles ridicules. Hormis quelques sites de science-fiction, des articles de presse ou des vaisseaux pour enfants, il ne trouve rien. Rien qui pourrait le propulser par-delà les nuages.

Soudain, son attention est attirée par une publicité « Test génétique en 3 semaines. » Un signe du destin ! S’il parvient à prouver qu’il n’est pas de ce monde, peut-être obtiendra-t-il enfin cet égard qui lui est dû. Peut-être même l’aidera-t-on à construire son vaisseau. Ravi par cette nouvelle, il éteint l’ordinateur et poursuit la journée comme si tout allait pour le mieux.

Ce calme apparent n’est pourtant que le simple reflet d’un plan bien établi. Alors que la maison est endormie, Tom s’extirpe de son lit pour dérober son père de sa carte bleue. Sans le moindre scrupule, sous couvert de son innocence d’enfant, le jeune garçon plonge sa main dans la sacoche paternelle et emporte avec lui le précieux petit rectangle qui a le pouvoir de lui offrir ce dont il a besoin.

En à peine quelques minutes, l’affaire est conclue et le colis prêt à lui être expédié. C’est à ce moment précis que son Papoune le surprend la main dans le sac, ou plutôt la carte bleue entre les doigts. Un instant, le regard paternel se pose sur l’écran et lit les quelques lignes qui y sont affichées. Impossible d’en vouloir à son fils qui cherche simplement une façon de s’accepter. 

Tom ne dit rien. Il attend la sentence alors que son père le reconduit tendrement dans son lit. Avant de le laisser seul dans sa chambre, il dépose un baiser sur son front distordu.

- Bonne nuit mon chéri.

Papoune reprend la carte puis s’éloigne. Seul dans le couloir, l’homme fort qu’il prétend être s’effondre. Depuis les premiers instants, il a tout fait pour être un père exemplaire, le père parfait qui saurait aider son enfant à affronter la vie. Pourtant il sent que la situation lui échappe. Tom rejette la maladie et s’enferme dans son imagination. Chaque fois qu’il tente de comprendre ce que pourrait ressentir Tom, quelques larmes glissent sur sa joue. Les insultes, les violences, l’ignorance, il sait, sans se l’avouer, que toutes ces horreurs composent le quotidien de son enfant, de la chair de sa chair, et il ne peut rien !

Impuissant et désemparé, Papoune retourne dans le bureau et rallume l’ordinateur. Il ne peut plus dormir. Trop d’émotions le submergent pour qu’il puisse trouver un quelconque assoupissement. Maladroitement, il tapote sur les touches de son clavier, sans savoir ce qu’il recherche. Il attend simplement que les minutes défilent et emportent sa peine. La solution miracle n’est pas devant ses yeux, elle n’est pas dans sa tête non plus. Elle est simplement dans son espoir. Un jour, peut-être, la vie lui sourira davantage.

Papoune éteint la machine et retrouve son épouse qui a eu la chance, pour une fois, de dormir d’un sommeil profond. Il ferme les yeux en rêvant d’un avenir meilleur pour Tom, celui qu’il mérite. Un avenir où le simple fait d’être lui-même suffirait à justifier son existence.

Etrangement, Tom a bien dormi cette nuit. La douceur de son père et le test ADN ont agi comme des catalyseurs de son bien-être. Une sensation étrange et perturbante. Pour la première fois, il ne s’inquiète pas du regard des autres, il se rassure de l’amour que lui portent Mamoune et Papoune. Et puis bientôt, il saura. Enfin, il pourra prouver au monde entier que sa place n’est pas ici.

Quarante-huit heures plus tard, le colis est livré. Papoune a informé Mamoune de la démarche secrète de leur enfant. Ainsi, tous deux se sont mis d’accord sur une stratégie d’ignorance. Ils le laisseront faire, sans poser de questions. Ils l’aideront même à renvoyer les échantillons nécessaires pour effectuer les analyses génétiques. Si Tom a décidé de découvrir la vérité par lui-même, ils ne l’en empêcheront pas.

Trois semaines. Les délais promis sont respectés. Le facteur a déposé, dans la boîte, cette enveloppe si lourde d’information. Quand Papoune la récupère, il se contente de déposer le pli sur le lit du jeune garçon, puis le laisse seul, seul face à la réalité. Tom hésite, réfléchit aux conséquences de son geste qui changera sa vie pour toujours. Un bref instant, il regrette de n’être pas né plus bête. Un imbécile heureux.

Malgré ses huit petites années de vie, il déchire le papier et parcourt les quelques lignes décrivant ses origines génétiques. Le résultat est sans appel. Avec ces mots s’envolent tous les doutes. Seuls demeurent les faits et les preuves.

Tom prend une grande inspiration, aussi profonde que sa morphologie le lui permet. Avant d’affronter Mamoune et Papoune, il observe le jardin par sa fenêtre. De ses yeux courbés dans le mauvais sens, il admire les enfants du quartier qui jouent dans la rue, insouciants.

Depuis toujours, Tom avait cru. Parfois même, il avait espéré. Pourtant, toutes les cartes étaient déjà entre ses mains. Désormais en parfaite connaissance de son être, il ne peut plus nier l’évidence et découvre que sa lutte pour s’intégrer, parmi les habitants de ce monde, est vaine. Il n’est pas comme eux et ne le sera jamais. Or, son appartenance est bien ici. Sur Terre.

Emporté par la lourde vérité, Tom ouvre la fenêtre, monte sur le rebord. Il existe encore un endroit où il sera accepté : celui de l’éternel. Dans l’autre monde, son corps, son apparence, ne seront plus que de lointains souvenirs futiles, inutiles. Seule demeurera son âme, aussi pure que celle de l’enfant qu’il est encore.

Dans un dernier élan, Tom ferme les yeux, vacille. Il hésite encore. Entre tourmente et libération, il n’y a qu’un pas. Un voyage facile et rapide. Alors que sa détermination semblait limpide, son envie l’est soudainement beaucoup moins. Pris d’un vertige aussi bien moral que physique, Tom fait demi-tour, descend du rebord et retrouve le réconfort de sa chambre.

Dans cette nouvelle vie qu’il vient de s’octroyer, il redécouvre son monde, celui qu’il cherchait tant dans les étoiles était en fait sous ses yeux depuis le début. Sur l’étagère, une photo de ses parents, son père et sa mère qui, depuis toujours, le soutiennent et souffrent à ses côtés.

Des milliers d’informations surgissent dans ce jeune cerveau déjà bien rempli. Devant son regard défilent, à nouveau, les souvenirs de ces huit années de vie où peine et joie se mêlent à foison. S’accrochant encore un peu à son enfance, Tom empoigne son doudou en forme de lapin et descend les escaliers. Dans le salon, il retrouve ses parents qui bondissent en le voyant, impatients de connaître sa réaction, sans savoir que la vie de leur progéniture a bien failli s’envoler à jamais.

Tom ne dit rien. Il se contente de se blottir entre leurs bras débordants d’amour. Sur Terre, l’acceptation de la différence relève d’un effort surhumain. Tom en a désormais conscience. Il a également appris que l’intégration commence par l’acceptation de soi. Malgré sa différence, sa place est ici. Malgré sa différence, son existence sur Terre est aussi légitime que celle des autres. Sur le chemin de sa nouvelle vie, jamais il ne l’oubliera.

Le petit garçon se blottit davantage entre ses parents. Pour le moment, inutile de leur dire qu’il refusera quand même la chirurgie. Pour rien au monde, il ne deviendra quelqu’un d’autre. Avec sa petite bouche distordue, il dépose un baiser sur la joue de sa mère, puis un autre sur le front de son père. Avec ses yeux à l’envers, il leur transmet son amour silencieux. Enfin, à mi-voix, il prononce ces deux mots si chauds et auxquels ses parents n’osaient plus croire. « Mamoune » et « Papoune » n’ont plus leur place, désormais seuls « Maman » et « Papa » ont un sens.

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Merci de m'avoir lu! Et si vous découvriez mes romans (disponibles partout!)

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Ou une autre nouvelle:

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